L'Office National de la Famille et de la Population a fêté,en 2023, ses 50 ans

Tunisie
Typography
  • Smaller Small Medium Big Bigger
  • Default Helvetica Segoe Georgia Times

Lancé au début des années 60, le programme de planning familial a été adopté en 1966. Il fut confié à la Direction de la Protection Maternelle et Infantile et du P.F du Ministère de la Santé.

Compte tenu de l'envergure attendue, ce programme sera placé sous l'autorité d'un Institut National en 1971 puis en 1973 sous la responsabilité de l'Office National du Planning Familial et de la Population crée pour mettre en œuvre la politique de population décidée par le Conseil Supérieur de la population présidée par le Premier Ministre et groupant divers ministères et organisations nationales 

Il convient de rappeler que le programme de planning familial avait entrepris dès 1966 un programme destiné à couvrir progressivement le pays en créant des équipes mobiles qui se déplacent vers les villages et organisent des réunions avec la collaboration des autorités locales. Toutefois, les efforts déployés et la mobilisation des agents sociaux et d'équipes médicales n'avaient pas atteints les objectifs attendus. D'ailleurs le 1er Conseil supérieur de la population projetait d'atteindre en 2000 le taux d'accroissement de la population de l'Italie qui était en 1973 de 1,1%.

Placé sous la tutelle du Ministère de la Santé Publique et doté de l'autonomie financière, cet office avait pour mission de favoriser" l'épanouissement harmonieux de la population et de promouvoir l'équilibre des familles" . Ainsi les missions de l’ONPFP sont multiples, elles concernent entre autre l’élaboration de programme d’action comprenant des prestations de services médicaux, des activités d'éducation et des études et recherches population. Il devait également présenter des propositions à caractère législatif favorisant la mise en œuvre de la politique de population en relation avec les facteurs du développement économique et social..

Depuis le lancement en 1966, du programme de planification familiale, la politique de population est passée par différentes phases. Particulièrement centrée, à ses début, sur des préoccupations d’ordre démographique , elle a évolué depuis la fin des années 80 vers une approche globale de santé familiale intégrant le PF dans les services de santé les plus périphériques. En outre, un intérêt avait été accordé à l'élargissement du programme aux questions de population, femmes et développement. 
Les préoccupations purement démographiques ont ainsi progressivement fait place à une approche axée davantage sur le bien être individuel et de plus en plus imprégnée des rapports synergiques entre la santé, la population, la promotion de la femme, l’environnement et le développement conformément à l’esprit de la Conférence Internationale sur la Population et le Développement (CIPD/Le Caire 1994)

Depuis 1994, le programme de l'ONFP a élargi son champ d'action vers d'autres composantes de la santé de la reproduction comme le traitement de la stérilité, le dépistage des cancers du sein et du col de l'utérus, la santé sexuelle et de la reproduction chez les jeunes, la prise en charge de la ménopause.. 

Cette orientation se trouve consolidée par le ralentissement continu de l’accroissement démographique dont les effets ont un impact sur le développement et le niveau de vie de la population qui s’illustre, entre autres, par une amélioration sensible de l’espérance de vie à la naissance qui s’est accrue de plus de 20 ans atteignant 74 ans en 2004 contre 51 ans en 1966. Le taux d’accroissement naturel de la population n’a cessé de baisser pour atteindre 1,12% en 2000 comme l'avait projeté Le premier Conseil Supérieur de la population en 1974.
Au plan international l'UNFPA avait désigné en 1994 la Tunisie - parmi les quatre pays -comme centre d'Excellence en matière de population. L'ONFP a su mobiliser des ressources pour organiser des sessions de formation au profit des centaines de cadres des pays en développement et promouvoir une coopération technique Sud-Sud. 
Lors des dernières années, un intérêt accru a été accordé à la question de violence fondée sur le genre d'autant plus que les rapports et études au plan international ont souligné l'importante relation entre la prévention de la violence fondée sur le genre et la santé de la reproduction. 

Il ressort d'un aperçu rapide des programmes de l'ONFP et des diverses activités -allant de la diffusion d'émissions radiophoniques aux cycles de conférences débats- que cette institution continue à jouer pleinement son rôle en tant que forum d'idées et d'initiateur de nouvelles actions en matière de santé de la reproduction et de population. 
L'ONFP a 44 ans, il doit avec la force de l'âge continuer à jouer un rôle de leadership et défendre son label de qualité . Les questions de population, de santé de la reproduction sont de plus en plus importantes d'autant que l'approche droits humains et la dimension genre offrent de nouvelles possibilités mais avec beaucoup de défis à relever.

Mourad Ghachem