Sauvons la Medersa El Achouria

Relations publiques
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La Medersa El Achouria qui abrite la Maison des Associations Culturelles au cœur de la Médina de Tunis (62, rue achour - prés du quartier de la hafsia et du rue du Tribunal) est désormais menacée de dégradation voire même de disparition!...Si aujourd’hui on ne fait rien pour la sauvegarder... Demain nous le regretterons et ça sera trop tard!!!!

 

 

En effet, le CUAT lance depuis le début de l'année 2013 une campagne de sensibilisation intitulée :"Sauvons la Medersa El Achouria" dont l'objectif est de collecter les fonds nécessaires pour la restauration de cet édifice. 

Dans cette lancée, le CUAT se propose d'organiser dés le 18 mai 2013 des actions promotionnelles à l'intention du grand public notamment le Rallye du patrimoine en ligne qui sera organisé dés la soirée du 6 juillet à 19h jusqu'au 7 juillet 2013 à 17h à Sidi Bou Said.

Le programme sera clôturé le 6 juillet 2013 par un grand évènement visant la sensibilisation de l'opinion publique à la sauvegarde du patrimoine culturel et naturel et sera sous le label : "24 Heures de patrimoine" intégré dans le cadre du Forum Mondial des Clubs UNESCO qui se tiendra à Tunis les 5 et 6 juillet 2013 à l'occasion des Rencontres Euro-méditerranéennes'2013 qui seront clôturées par une soirée culturelle intitulée:"Nuit EUROMES'2013"

 

 

Une histoire et une architecture remarquable

La medersa  El Achouria est construite, au 18ème siècle, par Ali Bacha Bey (Empire ottoman) pour abriter le foyer des étudiants en théologie de l'Université de la Zitouna... Ce monument dit "Medersa El achouria" a été rénové en 1983 puis classé, en qualité de monument historique national. Par conséquent, il a été inscrit sur la liste du patrimoine culturel national (géré par le Ministère de la Culture moyennant l'Institut National du patrimoine) et devenu Maison des associations culturelles.

Parmi  ses belles et remarquables caractéristiques architecturales sont la grande porte d'entrée (actuellement son état est indigne de l'histoire de la medersa) et son minaret de forme carrée, unique en son genre puisque il est le seul minaret dans une medersa à Tunis (aussi en état de dégradation). Les chambres des anciens étudiants de la Zitouna situées autour du patio central sont désormais devenues, depuis 1983, les sièges des diverses associations culturelles...

L'état dérisoire de la medersa

Malgré cette valeureuse et remarquable histoire, nous assistons, depuis plus d'une décennie à une dégradation flagrante du bâtiment et à une marginalisation quasi-délibérée de la part des autorités compétentes dont relève cette institution. Laquelle institution abrite, actuellement, seulement trois associations culturelles actives alors qu'elle abritait en 1983, une dizaine d'associations...En raison de l'état calamiteux de la bâtisse, nous assistons, ces dernières années, à une désertion de la part de plusieurs associations culturelles des lieux et ce, en raison du niveau dérisoire des conditions de travail observées dans l'enceinte de la maison...De Plus, depuis les années'90, la maison a perdu, sans raison objective, son statut d'institution autonome du Ministère de la Culture dotée d'un conseil des associations qui avait pour mission de gérer les activités de l'institution et du budget qui lui est attribué par le même Ministère. Pis encore! Elle a été considérée, depuis 1987, aprés l'avènement de l'ère du sois-disant d"changement"comme une simple maison de la Culture gérée directement par la délégation régionale de la culture du gouvernorat de Tunis...Ce qui a donné aux associations, logées à cette demeure, un signal malheureux qu’elles doivent quitter les lieux d'une façon implicite.... C'est drôle! Un signe de non respect du rôle de la société civile dans le domaine culturel!!!

En bref! les images publiées illustrent l'état actuel dans lequel se situe la Medersa El achouria....En effet, les salles sont devenues insalubres et non sécurisés à la suite des infiltrations d'eaux pluviales en raison du manque de maintenance de la terrasse de la medersa, des voieries et de son plafond amovible installé au dessus du patio mais hélas parfois bloqué à cause du manque de maintenance régulière....depuis plus de 15 ans. C'est pourquoi, la direction de la Maison des associations culturelles a interpelé, au milieu de l'année 2010, l'autorité de tutelle en vue de mettre un terme à cette situation lamentable vécue par les associations culturelles....Dans ce sens, le CUAT a aussi adressé, en 2010, au Ministre de la Culture une correspondance sur cette question sans recevoir de réponse. En réponse à la requête de la direction de la maison, le Ministère de la Culture a envoyé, en 2010, une équipe de l'Institut National du patrimoine pour faire un constat de la situation de la medersa. Ils ont relevé plusieurs éléments d'informations sur l'état du site leur permettant de prendre les mesures adéquates pour sauver ce monument de la dégradation dans l'espoir d'engager, dans les meilleurs délais, les travaux de restauration de la medersa. Mais depuis cette visite, aucune suite concrète n'a été enregistrée visant l'amélioration de l'état de la demeure. Pis encore! Nous vivons actuellement un silence profond de la part du Ministère de la culture " même après l'avènement de la révolution des jeunes, le 14 janvier 2011 et l'envoi, mi-février 2011, d'une lettre officielle de la part du CUAT à Monsieur le Ministre de la culture lui exposant le cas et sollicitant son intervention rapide....Depuis cette date, «le silence radio" des autorités culturelles a persisté....Ce qui a poussé le CUAT de revenir à la charge en adressant de nouveau, fin août 2011, au Ministre de la Culture, deux lettres de rappel sans avoir aucun feedback!. De plus, une lettre au nouveau Ministre de la Culture du gouvernement Jebali a été envoyée fin décembre 2011 l’implorant d’intervenir pour sauver ce monument en péril mais hélas aucune réponse !

Bien que le nouveau ministre Sakli est venu s'enquérir de la situation de la Medersa, en mars 2014, en donnant des instructions pour lancer les travaux de restauration et de sauvegarde de ce monument, rien n'a été fait jusqu'à ce jour pour concrétiser ces instructions ministérielles.

Le CUAT a subi cette situation et a enregistré dans le cadre de sa médiathèque, mise en place, en 2001, en coopération avec l'UNESCO et le réseau INFOJEUNESSE, la dégradation de son matériel informatique à cause de l'humidité et du délabrement des murs badigeonnés plusieurs fois par le CUAT en utilisant ses propres fonds destinés initialement à ses activité orientées vers les jeunes...

Pour conclure

Enfin, un dernier mot concernant la medersa El achouria...Après le 14 janvier 2011, date de la révolution des jeunes, nous avons assisté à la diffusion d'une rumeur diffusée par certains habitants du quartier qui prétendent que cette demeure était dans le passé une mosquée et qu'ils doivent la récupérer en tant que telle parce qu'elle est "la propriété du peuple". Un autre phénomène plus grave que nous considérons une agression à ce monument est que la terrasse de la medersa est maintenant la cible de certains de ses voisins qui ont osé construire dessus des chambres pour préparer le mariage de leurs enfants? Suite à ce nouveau phénomène de "braquage culturel", personne ni de l'ASM, ni de la municipalité de Tunis ni le conservateur de la médina travaillant à l'Institut du patrimoine ne se sont déplacés pour au moins observer le délit commis en vue mettre un terme à ces agissement anarchiques.

 En guise de conclusion, nous demeurons hélas optimistes! Ayant l'espoir que les autorités compétentes prennent les choses au sérieux et engagent les procédures pour restaurer la medersa El achouria et la protéger des agissements néfastes des anarchistes de la période post-révolutionnaire.

 

Rachid Ben Slama

Président du CUAT